Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

sa cupidité, dépassé l’étendue de terrain qu’il avait, durant sa magistrature, fixée par sa réquisition tribunitienne. Il faut ajouter que cette sévérité avait pour objet de prévenir autant le soupçon d’orgueil que concevait le possesseur de tant de fonds, que la honte qu’il y aurait à se voir forcé d’abandonner des champs qui étaient au-dessus des forces du nouveau propriétaire, puisque, en fuyant, l’ennemi les avait dévastés. Ainsi une juste proportion, qui convient en toutes choses, doit s’appliquer aussi à l’acquisition d’un domaine. Il n’en faut acheter qu’autant qu’il est nécessaire, afin qu’on voie que nous en avons pour en jouir, et non pour en être surchargés et pour l’enlever à ceux qui en tireraient un bon parti, à la manière de ces maîtres de propriétés immenses qui possèdent les terres d’une nation, et n’en peuvent pas même faire le tour à cheval, mais les abandonnent au gaspillage des troupeaux, à la dévastation et au ravage des bêtes sauvages, ou bien les emploient à retenir des citoyens dans les fers et les prisons. Or, la juste mesure dépendra d’une sage volonté et des ressources pécuniaires ; car, comme je l’ai déjà dit ci-dessus, il ne suffit pas de vouloir posséder, il faut pouvoir cultiver.

De la salubrité de la contrée.

IV. Dans l’ordre des choses vient le précepte de Césonius, dont on assure que Caton faisait usage : « que ceux qui veulent traiter d’une terre doivent souvent en renouveler l’examen. » Car la première inspection ne fait connaître ni ses inconvénients ni ses avantages cachés, qui bientôt se découvriront à une nouvelle visite. Une sorte de formule d’inspection nous a été transmise par nos ancêtres, c’est que le sol soit gras, et d’un aspect agréable : qualités dont nous parlerons en leur lieu,