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il faut disputer avec la mort, les récoltes sont aussi incertaines que la vie des cultivateurs, ou plutôt le trépas est plus assuré que les productions. Après ces deux considérations principales, Caton ajoutait qu’il fallait avoir presque autant égard aux chemins, à l’eau et au voisinage. Une communication commode avec le domaine présente de grands avantages : le premier, et il est fort important, est de faciliter la présence du maître, qui se rendra plus volontiers sur son bien, s’il n’a pas à redouter la difficulté du chemin ; les autres sont relatifs à l’apport et à l’exportation des instruments de culture : ce qui donne plus de valeur aux articles produits et diminue la dépense de ce que l’on apporte, puisque le charriage est d’autant moins coûteux qu’on le fait avec de moindres efforts. En outre, on peut voyager à meilleur marché, surtout si l’on fait le voyage avec des animaux de louage, ce qui est plus avantageux que d’en entretenir à ses frais. Enfin les esclaves qui suivront le père de famille se fatigueront moins à faire le voyage à pied. Les avantages d’une eau de bonne qualité sont tellement incontestables, qu’il n’est pas besoin, à cet égard, d’une longue dissertation. Car qui doute qu’on ne doive considérer beaucoup une substance sans laquelle nul de nous ne prolonge sa vie, dans la bonne comme dans la mauvaise santé ? Quant à l’avantage qu’on peut retirer des voisins, c’est une chose sur laquelle on ne saurait compter, puisque la mort et divers autres événements peuvent nous les enlever. Aussi certaines personnes rejettent l’opinion de Caton ; mais je crois qu’elles sont dans l’erreur : car, comme c’est le fait d’un homme sage de supporter avec courage les coups du sort, c’est de même l’action d’un fou de se rendre malheureux ; et c’est ce que fait celui qui paye pour avoir un