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est plus fâcheux, à leurs esclaves. Ces derniers, séparés du maître par une longue distance, se négligent, et, corrompus après les méfaits qu’ils ont commis, s’appliquent beaucoup plus, en attendant les successeurs, aux bénéfices de la rapine qu’aux fatigues de la culture.

Quelle disposition du fonds offre le plus grand avantage.

II. Je suis donc d’avis qu’il faut qu’un maître achète ses champs dans son voisinage, afin qu’il puisse y aller fréquemment et fasse présumer qu’il y viendra plus fréquemment encore qu’il n’y doit venir. Dans la crainte de ces visites, le fermier et ses gens seront toujours à leur devoir. Au reste, le propriétaire doit se trouver sur son bien toutes les fois qu’il en a occasion ; mais non pas pour y vivre dans le repos et s’y tenir à l’ombre. Il convient, en effet, qu’un père de famille diligent parcoure souvent et dans tous les temps de l’année les plus petites parties de ses champs, afin de mieux en observer l’état, soit à l’époque des feuilles et des herbes, soit lors de la maturité des grains, et pour n’ignorer rien de ce qu’il pourra être à propos de faire. C’est un vieil axiome, et il est de Caton, « qu’une terre a grandement à souffrir quand le maître n’enseigne pas au fermier, mais apprend de lui ce qu’il faut faire. » C’est pourquoi le principal soin de tout individu qui tient un héritage de ses ancêtres ou qui se propose d’en acheter un, doit être de savoir quel fonds est le plus productif dans le pays, afin de se défaire de celui qui ne lui serait pas avantageux ou d’en acquérir un excellent. Si la fortune a souscrit à nos voeux, nous jouirons d’une terre placée sous un ciel salubre, offrant une couche épaisse de terrain végétal ; s’étendant en partie sur une plaine et dans une autre partie sur des coteaux légèrement inclinés vers l’orient ou vers le midi ; consistant en cultures, en bois, en points sauvages ; ayant à portée,