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L’instrument dont nos ancêtres se servaient pour perforer les vignes, diffère de celui que j’ai trouvé le plus propre à l’opération que je décris ici. L’ancienne tarière, la seule que les anciens agriculteurs connussent, produirait de la sciure et brûlait la partie qu’elle avait perforée. Or, ce point brûlé se rétablissait fort rarement ou bien il ne croissait pas avec les autres parties, et le sarment qu’on y introduisait ne prenait pas. D’ailleurs, la sciure ne pouvait jamais être assez bien enlevée pour qu’il n’en adhérât pas une portion aux parois du trou : ainsi, par cette interposition, elle empêchait le sarment de s’unir au corps de la vigne. Nous avons découvert que la tarière, que nous appelons gauloise, est pour cette espèce de greffe beaucoup plus avantageuse et plus utile ; car elle perce le tronc sans brûler les parois du trou, puisqu’elle ne produit pas de sciure, mais des copeaux qui, enlevés, laissent une plaie bien nette, à laquelle adhère très facilement et sur toute sa surface le sarment introduit, qui n’est plus en quelque sorte isolé par la bourre que produisait l’ancienne tarière.

Que la greffe de vos vignes soit donc terminée vers l’équinoxe du printemps ; et placez la vigne à raisins noirs dans les lieux arides et secs, et celle qui en donne de blancs dans les emplacements humides. Il n’y a aucune nécessite de multiplier les greffes sur un même tronc, quand sa grosseur est tellement médiocre, que la pousse d’un rameau inséré suffit pour recouvrir la plaie, à moins cependant que le sol qui l’avoisine, étant dégarni, ne réclame une vigne pour remplacer un cep mort. Dans ce cas, de deux sarments insérés, l’on enterrerait l’un en forme de sautelle, et l’on ferait monter l’autre au joug pour qu’il y fructifie. Il n’est pas inutile, non plus, d’élever