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ne soit ébranlée et arrachée, et que le pampre, encore tendre, ne soit brisé. Dès qu’il a poussé suffisamment, on lui enlève ses collatéraux, à moins qu’on ne les destine à des provins en raison du besoin qu’on en a pour garnir une place vide. Ensuite, à l’automne, on coupe à la serpe les sarments dont le bois est mûr. La taille sur les greffes, dans le cas où on n’aura pas besoin de provins, se fera de la manière suivante : on conduira un seul sarment au joug, et on coupera le surplus de manière que la plaie soit faite à ras du tronc, en évitant toutefois de l’écorcer. Le mode de l’épamprement ne diffère pas de celui qu’on emploie pour les jeunes marcottes enracinées ; mais il faut couper court les quatre premières années, jusqu’à ce que la plaie de la fente soit bien cicatrisée. Tels sont les procédés relatifs à la greffe en fente.

Quant à la greffe par térébration, il est nécessaire de rechercher le cep le plus fécond dans le voisinage de la vigne à greffer : vous en attirez un sarment sans le séparer de sa mère, et vous introduisez dans le trou que vous aurez pratiqué ce brin qui appartient désormais à deux sujets différents. Cette greffe est la plus sûre et la plus certaine puisque, si elle ne prend pas au printemps prochain, elle sera, au suivant, forcée par l’accroissement qu’elle aura acquis de se joindre à sa mère adoptive, et pourra être, par l’amputation, sevrée de sa mère naturelle. Alors on décapite la vigne greffée au point où elle a admis le sarment. Si on n’a pas à sa proximité un sarment qu’on puisse conduire, on en choisit un ailleurs, aussi jeune qu’il est possible, et, après l’avoir enlevé du cep et l’avoir légèrement ratissé tout autour de manière à n’enlever que l’épiderme ; on l’adapte au trou pratiqué, puis on enduit de boue la vigne après l’avoir coupée, afin que tout le tronc soit employé à nourrir le sarment étranger : ce qui n’est pas nécessaire à l’égard du sarment amené, qui est nourri du sein maternel jusqu’à ce qu’il ait acquis assez d’accroissement.