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de greffer leurs vignes en automne, parce que la température de cette saison diffère peu de celle du printemps. Au surplus, quelle que soit l’époque qu’on adopte, on n’aura à donner, pour le choix des greffes, d’autres soins que ceux que nous avons prescrits dans le livre précédent, quand nous avons parlé du choix des marcottes. Ainsi, lorsqu’on aura eu coupé ces sarments vigoureux, féconds et bien mûris, on choisira un jour y où la température sera douce et l’air calme. Alors on examine si le sarment est bien rond, si le bois en est ferme, si la moelle a de la consistance, si les yeux sont nombreux, et si les entre-noeuds offrent peu d’intervalle car il importe que le sarment à insérer ne soit pas long, et qu’il soit pourvu de plusieurs yeux par où il puisse germer. Si les entre-noeuds sont fort longs, il faut réduire ce sarment à un œil ou deux, afin qu’il ne soit pas assez élevé pour être ébranlé et pour avoir à souffrir des tempêtes, des vents et des pluies. On greffe la vigne soit en la coupant, soit en perforant son tronc avec une tarière. La première méthode, la plus répandue, est connue de presque tous les cultivateurs ; la seconde, moins commune, n’est guère usitée. Je parlerai donc d’abord de celle qui est le plus en usage.

Ordinairement on coupe la vigne au-dessus du sol, quelquefois pourtant un peu au-dessous : ce qui, dans le dernier cas, offre l’avantage de la solidité et de l’absence de noeuds. Quand on greffe rez terre, on enfouit la greffe, jusqu’au haut ; mais si elle est au-dessus du sol, on enduit soigneusement la fente avec de la boue, sur laquelle on applique de la mousse qu’on assujettit par une ligature ; c’est le moyen de n’avoir rien à redouter ni des chaleurs ni des pluies. On taille le sarment à insérer comme le bec d’une flûte, de manière qu’il remplisse