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vigneron habile, et qui surtout entend ses intérêts, doit donc examiner et, juger sur quels points il laissera croître son bois pour l’année suivante, et non seulement enlever les sarments qui n’ont pas de fruit, mais aussi ceux qui en sont pourvus, si leur nombre est trop considérable : si donc il arrive que certains yeux produisent trois jets, il faudra en retrancher deux pour que celui qui restera puisse facilement se nourrir ; car un cultivateur expérimenté doit juger si la vigne est couverte de plus de fruits qu’elle n’en peut porter. C’est pourquoi non seulement il enlèvera les feuilles superflues, ce qu’il faut toujours faire, mais quelquefois aussi une partie du fruit, pour soulager la vigne accablée par sa propre fécondité. Le vigneron habile agira ainsi par plusieurs motifs, quand même l’arbrisseau n’aurait pas plus de fruit qu’il n’en peut conduire à maturité. En effet, si, pendant plusieurs années, la vigne a été fatiguée par des récoltes abondantes, il convient de la laisser reposer et se refaire, et ainsi préparer l’avenir de son bois. Au reste, casser la pointe des jeunes sarments pour arrêter leur essor excessif ; enlever du bois dur ou du tronc tous les pampres qui s’en échappent, à moins qu’on n’en réserve un ou deux pour renouveler la vigne ; extirper à la partie supérieure tout ce qui pousse entre ses bras, et la débarrasser des rejetons qui, stériles sur le vieux bois, occupent inutilement leur mère : c’est l’ouvrage du premier venu, et même d’un enfant.

Comment on doit épamprer et combien on doit donner de binages à la vigne.

XXVIII. Le temps le plus avantageux pour l’épamprement