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s’élancent des sarments plus longs que n’ont coutume de le permettre les cultivateurs, et qu’elle projette ses bras jusque sur les auvents que forment les autres jougs, nous laisserons sur le tronc un fort courson et le meilleur qu’il sera possible de conserver, pourvu de deux ou de trois noeuds, duquel, comme d’un pouce, s’élancera, l’année suivante, un jet dont on formera un bras nouveau. Ainsi coupée et renouvelée, la vigne sera contenue dans les bornes de son joug.

Pour la conduite du courson, voici ce qu’il faut observer avec attention. D’abord la plaie ne doit pas être horizontale et regarder le ciel, mais oblique et dirigée vers la terre : par cette précaution, elle se garantit elle-même des frimas et de l’ardeur du soleil. Ensuite la taille se fera non pas en forme de flèche, mais en forme d’ongle : en effet, la première méthode fait mourir le bois plus tôt et dans une plus grande étendue, tandis que la seconde l’empêche plus longtemps de sécher et restreint le mal dans un moindre espace. Il faut surtout éviter une pratique des plus funestes, inconsidérément suivie par nombre de vignerons qui, n’ayant égard qu’au coup d’œil, tranchent le sarment près du noeud, afin que le courson soit plus court et ressemble au pouce. Ce mode d’amputation est très préjudiciable, en ce que l’œil, trop rapproché de la plaie, a beaucoup à souffrir des frimas, du froid, et aussi de la chaleur. Il est donc préférable de couper le sarment subsidiaire vers le milieu de deux noeuds, et de donner à la section une inclinaison qui soit dirigée du côté opposé à œil, de peur que, comme nous l’avons dit, elle ne l’inonde de ses pleurs et ne le fasse tomber quand elle bourgeonnera. Dans le cas où il ne serait pas possible de faire un courson, il faut tâcher de faire naître un furoncle, qui, quoique coupé très court en manière de verrue, poussera, au printemps suivant, un bois propre à être disposé en bras ou en sarment à fruit. Si on n’a pas même