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de force, que les deux bras en aient souffert, il faut enlever le plus faible et laisser subsister le focané. Ce bras étant coupé, la mère nourrit également les deux parties conservées. En conséquence, on fixera à un pied au-dessous du joug la tête de la vigne, dont s’écarteront les quatre bras dont j’ai parlé, et sur lesquels on la renouvellera tous les ans, en coupant les vieux sarments et les remplaçant par des nouveaux, dont le choix sera fait avec discernement. En effet, là où beaucoup de sarments poussent avec force, le vigneron doit veiller à n’en pas laisser qui soient trop voisins du bois dur, c’est-à-dire près du tronc et de la tête, ni à leurs extrémités : ceux-là produisent peu pour la vendange, en ne donnant que de petites grappes, comme font les pampinaires ; ceux-ci épuisent la vigne, parce qu’ils se chargent de trop de fruit, et se prolongent jusqu’au second ou au troisième pied, ce qui offre des inconvénients, ainsi que nous l’avons dit. Il faut donc conserver pour plus d’avantage les branches du milieu des bras, lesquelles n’enlèvent pas l’espoir d’une bonne récolte, et n’amaigrissent pas le cep. Quelques agriculteurs provoquent, par excès d’avidité, une abondance de fruits, en dressant les jets de l’extrémité et du milieu, et en coupant pour courson le sarment le plus rapproché du bois dur : ce que je ne crois pas bon à faire, à moins que l’excellence du sol et la force du tronc le permettent : car dans cet état les grappes se pressent tellement entre elles qu’elles ne sauraient acquérir une maturité parfaite, si elles ne sont favorisées par la fertilité de la terre et la vigueur du tronc. Le sarment subsidiaire et le courson ne doivent pas être rabattus en manière de pouce, quand les branches, dont on attend de prochains fruits, sont établies convenablement : car, où vous les aurez liées et courbées vers la terre, vous provoquerez au-dessous de la ligature l’émission de nouveaux jets. Si, au contraire, de la tête de la vigne