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Il n’est pas moins utile de connaître les pratiques qui ont pour objet la conservation de sa partie supérieure. Les blessures qu’elle reçoit sur son tronc doivent être rendues obliques et rondes : elles se guérissent ainsi plus promptement et, jusqu’à ce que la plaie soit cicatrisée, l’eau s’en écoule avec plus de facilité ; tandis que lorsqu’elles sont horizontales elles reçoivent et retiennent plus d’eau. Le vigneron évitera donc cette faute avec soin ; il retranchera les sarments qui s’étendront trop, ainsi que ceux qui auront vieilli, qui seront de mauvaise venue, tortus et tournés vers le sol ; et respectera les jeunes brins droits promettant du fruit. Il conservera les bras tendres et verts ; coupera avec la serpe ceux qui sont desséchés et vieillis ; rognera les ergots des coursons de l’année. Quand la vigne se sera élevée à quatre pieds environ au-dessus du sol, il lui formera quatre bras dont chacun sera tourné du côté de l’X du joug ; alors il donnera à chaque bras un sarment s’il est maigre, ou deux s’il est bien nourri, et les conduira sans retard vers le joug. Mais il ne devra pas perdre de vue qu’il ne faut pas souffrir deux rameaux ou un plus grand nombre sur la même ligne ni sur un seul côté du bras : car il est très préjudiciable à la vigne que toutes les parties de ses bras ne travaillent point également : elle veut distribuer à ses enfants leur nourriture par portions égales. Sucée d’un seul côté, toute la sève s’y porte, y est épuisée, et la plante se dessèche comme si elle avait été frappée de la foudre.

On appelle focané le sarment qui s’élève entre deux branches ; les paysans lui ont donné ce nom, parce que, né entre les deux bras dans lesquels la vigne se divise, il occupe cette sorte de gorge, et intercepte la nourriture de l’une et de l’autre de ces branches. Aussi, avant qu’il ait eu le temps de se fortifier, l’amputent-ils soigneusement comme un rival dangereux et aplanissent-ils le nœud qu’il a formé. Cependant, s’il a pris tellement