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Comment on doit traiter la nouvelle vigne, et comment on doit faire les provins.

XV. Quand, au bout de dix-huit mois, la vigne est parvenue à la vendange, il faut, aussitôt son raisin cueilli, la repeupler, propager les marcottes réservées que l’on a mises à part pour cet usage, ou bien, si l’on n’en a pas, on attirera, des vignes qui sont dans les rangées, des sautelles vers un échalas particulier : car il est bien important, dans cette plantation nouvelle encore, de ne laisser aucun échalas inoccupé, et de ne coucher aucun sarment au moment où l’on est sur le point d’en cueillir, le fruit. La sautelle est cette espèce de rameau que l’on couche près de l’échalas d’une vigne, et que l’on recouvre de terre dans une fosse suffisamment profonde, pour le conduire à un échalas vacant : alors de la partie qui fait l’arc sort un bois vigoureux qui, aussitôt attaché à un soutien, est conduit au joug. L’année suivante, on coupe jusqu’à la moelle la partie supérieure de la sautelle à l’endroit où commence la courbure, de peur que les sarments qu’elle produit n’attirent à eux toutes les forces maternelles, et pour qu’elle apprenne peu à peu à se nourrir avec ses propres racines. A deux ans, on coupe la sautelle très près du jet sorti de la partie arquée, puis on foule profondément la terre autour de cette nouvelle plante ; on la rabat au fond de la fossette qu’on lui a ménagée, puis on ramène de la terre afin qu’elle puisse pousser ses racines en bas et ne jette pas de pampre : ce qui aurait lieu si l’amputation avait, par négligence, été pratiquée à fleur de terre. Nul temps n’est plus favorable à la coupe des sautelles que celui qui est compris entre les ides d’octobre et les ides de novembre, parce que les racines ont le temps de s’affermir durant les mois d’hiver. Si l’on pratiquait cette opération au printemps, les sarments commençant alors à germer, la sautelle, privée tout à coup des aliments de sa mère, ne manquerait pas de languir.