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le bois des yeux qui, l’année suivante, auraient porté fruit.

Que le moment favorable pour l’épamprement est celui où l’on peut casser les jets avec les doigts.

VII. Le temps le plus propre à tout épamprement est celui où les pampres sont encore assez tendres pour céder à la moindre action du doigt ; car, s’ils avaient pris plus de consistance, il faudrait plus d’effort pour les arracher, ou recourir au tranchant de la serpe, deux choses qu’il faut éviter : l’une, parce qu’en s’efforçant de détacher les pampres, on déchire la mère ; l’autre, parce qu’on fait une blessure qui est toujours grave dans une plante verte et qui n’est point encore mûre. La plaie d’ailleurs ne se borne pas à l’aire de la coupure ; mais il arrive que, sous les chaleurs de l’été, la blessure profonde que fait la serpe cause un dessèchement tellement étendu, qu’il tue la plus grande partie du corps de la mère. C’est pourquoi, s’il faut employer le fer pour retrancher des pampres déjà durs, on ne les coupera qu’à une certaine distance de la mère, et on les traitera comme les coursons, afin qu’ils supportent seuls le mauvais effet de la chaleur ; cette opération s’étendra jusqu’au nœud où naissent des bourgeons latéraux : la violence de la chaleur ne se communique pas au delà. On suit la même méthode, et je l’ai mise en pratique, pour épamprer les simples marcottes, comme pour exciter le bois dont on petit se servir dès la première année en l’allongeant convenablement. Si, au contraire, on se propose de les couper entièrement pour n’en faire usage qu’à deux ans, après les avoir réduites à un seul sarment, on l’étêtera dès qu’il aura plus d’un pied de longueur, afin qu’il se fortifie vers le haut et devienne plus robuste. Tels sont les premiers soins qu’exigent les jeunes plants de vigne.