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laquelle produit incontestablement des ceps plus vigoureux et plus féconds : ce qui n’aurait pas lieu, si le plant plus enfoncé souffrait de sa position. Ajouterai-je que le fonds labouré à la houe s’enfle comme sous l’action d’un levain, pendant que la terre est encore fraîchement remuée et ameublie ; puis, quelque temps après, s’affaisse, se durcit, et laisse à fleur de sol les racines qui semblent y nager ? Cet inconvénient se présente moins souvent dans notre méthode, qui consiste à recouvrir la vigne d’une plus épaisse couche de terrain. Quant à ce qu’on dit, que les jeunes plants trop avant enfoncés en terre, souffrent du froid, nous n’en disconvenons pas ; mais une profondeur de deux pieds neuf pouces ne peut offrir cet inconvénient, puisque, comme nous l’avons dit un peu plus haut, l’enfoncement des vignes mariées aux arbres effectué à une plus grande profondeur n’occasionne même pas ce désavantage.

Qu’il ne faut pas unir une même marcotte enracinée à deux pieux, mais qu’il faut que chacun d’eux ait sa vigne particulière.

II. C’est une opinion erronée, que celle qui pose en principe qu’il y a moins de dépense à faire en mariant à deux pieux les sarments d’une même vigne : car ou elle vient à périr, et, les deux tuteurs restant vides, il faut bientôt la remplacer par deux marcottes enracinées, qui augmentent les frais de culture ; ou bien cette vigne subsiste, et alors, comme il arrive souvent, ou elle donne du raisin noir, ou elle est peu productive, et le fruit manque, non pas sur des échalas, mais sur plusieurs. Les hommes les plus instruits en agriculture pensent que, fût-elle d’une espèce généreuse, une telle vigne, divisée sur deux échalas, sera toujours moins féconde, parce qu’elle formera la claie. C’est ce qui a déterminé Atticus lui-même à prescrire de multiplier plutôt les vieilles vignes par sautelles, que de les étendre à terre