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le nord parce que la grande chaleur les chagrine ; quelques autres préfèrent la température modérée de l’orient ou du couchant. Celui qui classe ses espèces par divisions distinctes, a égard à ces différences d’après la situation et l’exposition du sol. Il se présente encore un avantage qui n’est pas de peu d’importance, puisqu’il tend à diminuer le travail et la dépense de la vendange. En effet, on peut recueillir à temps les raisins à mesure de leur maturité, et sans inconvénient on diffère la récolte de ceux qui ne l’ont pas encore atteinte. Ainsi on n’est pas exposé à gâter sa vendange par le mélange du raisin qui est mûr depuis quelque temps avec celui qui n’est qu’à son point, et on n’est point forcé de se pourvoir d’un grand nombre d’ouvriers à quelque prix que ce soit. C’est, en outre, un grand avantage, de pouvoir mettre à part chaque nuance de vin d’après son goût, et de le serrer dans toute sa pureté et séparément, soit qu’il provienne de la biturique, soit qu’il sorte de la royale ou de la spionée. Ces espèces ainsi serrées, comme leur goût n’est altéré par aucun mélange, ont tout de suite la qualité qu’elles doivent à leur origine : car, après quinze années ou un peu plus, le goût ne sait plus saisir les défauts d’un vin vulgaire, et alors presque tous les vins offrent cette particularité, que l’âge leur procure de la bonté. C’est pourquoi, comme nous l’avons dit plus haut, le classement des variétés est d’une grande utilité. Si on ne pouvait l’effectuer, il faudrait recourir à un second procédé, qui consiste à ne rapprocher d’autres espèces de vignes que celles qui offrent une même saveur, et qui produisent des fruits qui mûrissent à la même époque. Vous pouvez encore, si vous êtes amateur de fruits, planter aux derniers rangs, vers le septentrion, pour n’avoir pas à souffrir de leur ombre, des figuiers, des