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sol, se brisera avant d’en être extrait : car le bois est fragile à la partie qui a été tordue et recourbée au moment de la plantation : en raison de cette mauvaise pratique, il perd la majeure partie de ses racines qui se brisent. Même en passant sous silence ces inconvénients, je ne saurais dissimuler le plus grand de tous. Tout à l’heure, en parlant de l’extrémité du sarment que j’ai dit s’appeler la flèche, je désignais comme produisant des raisins le point intermédiaire entre le point de départ du vieux sarment et le cinquième ou sixième œil. Celui qui courberait ainsi la marcotte, altérerait cette partie féconde, puisque cette partie qui est reployée produit trois ou quatre bourgeons, que les deux ou trois autres yeux qui devaient porter fruit sont entièrement enfouis, et qu’ainsi il n’en sort plus de bois, mais seulement des racines. Il arrive donc, ce que nous éviterions en plantant une saussaie, que pour de telles marcottes de vigne il est nécessaire de les faire plus longues pour avoir de quoi enfoncer suffisamment après les avoir ployées. Il n’est pas douteux que les yeux les plus voisins de la pointe, lesquels sont inféconds, sont conservés pour ne produire que des pampres à peu près stériles, ou certainement les moins fertiles : ce sont ceux que les villageois appellent racémaires. Que dirai-je de plus ? Il importe au plus haut degré que la marcotte qui est déposée en terre s’y nourrisse au point par lequel elle a été détachée de sa mère, et se cicatrise au plus tôt. S’il n’en est pas ainsi, elle attire trop d’humidité par le canal de la moelle qui reste ouvert comme un chalumeau, et le tronc, bientôt creusé, fournit des retraites aux fourmis et à d’autres insectes qui font pourrir le pied de la vigne. C’est bien là ce qui