Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

difficile à travailler, parce que, pour pouvoir être remuée, humide elle est trop visqueuse, et sèche elle est trop dure.

Ce que nous a transmis Jules Grécinus sur le terrain propre aux vignes.

XII. Pour ne pas nous égarer à travers ces variétés infinies de terrains, il ne sera pas hors de propos de rappeler ici l’axiome que Jules Grécinus nous a laissé par écrit, et qui fixe les limites entre lesquelles sont comprises les terres propres à la culture des vignes. Il s’exprime en ces termes : Il existe des terrains chauds ou froids, humides ou secs, friables ou compactes, légers ou lourds, gras ou maigres ; mais les vignes ne sauraient prospérer dans un sol ni trop chaud, parce qu’il les brûle ; ni trop froid, parce qu’il ne permet aucun mouvement aux racines engourdies et gelées ; ni trop humide, parce que, quand l’arbrisseau vient à pousser, il lui fournit, sous l’influence d’un temps tiède, une eau surabondante qui pourrit les plants qu’on lui a confiés. Une trop grande sécheresse, dit-il encore, privant la végétation de sa nourriture naturelle, fait mourir les plantes, ou les rend galeuses et rabougries. La terre compacte ne s’abreuve pas des eaux pluviales, n’est point perméable à l’air, se déchire facilement, et ouvre des crevasses par lesquelles le soleil pénètre jusqu’aux racines mêmes ; elle comprime et étrangle, en quelque sorte les plants qu’elle emprisonne et qu’elle étreint. Les terrains trop friables, comparables à un entonnoir, laissent échapper les pluies à mesure qu’ils les reçoivent, perdent au soleil et au vent toute fraîcheur, et, se dessèchent à fond. La terre lourde ne cède à aucune culture ; trop légère, on ne peut la soutenir ; trop grasse, elle surabonde d’une végétation luxuriante ; et maigre et ténue, elle pèche, par le manque de sucs nourriciers. Il est nécessaire, ajoute-