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n’aurait pu se procurer un tel emplacement, il faut destiner au vignoble, ou un verger où les arbres soient très peu nombreux, ou un massif d’oliviers auxquels la vigne n’aura pas été mariée. Le plus mauvais terrain serait, comme je l’ai dit, un vignoble en culture habituelle. Quand la nécessité contraint de l’employer, il faut commencer par extirper ce qui reste des anciennes vignes ; ensuite on fumera tout ce fonds avec du fumier sec, ou, si l’on n’en a pas, avec tout autre, mais très récent ; on retournera le sol, on amènera à sa surface, avec le plus grand soin, les racines arrachées, et on les y réduira en cendres. Alors on couvrira largement, ou de vieux fumier, parce qu’il n’engendre pas d’herbes, ou de terreau pris sous les buissons, ce terrain qui aura été préalablement bien travaillé à la houe. Quand on a des terres en friche dégarnies d’arbres, il faut, avant d’y enfoncer la houe, examiner si la terre est ou n’est pas propre à la culture des arbrisseaux : c’est ce que l’on découvre, sans la moindre difficulté, par les végétaux qu’elle a spontanément produits. Il n’y a pas, en effet, de terrain si dépourvu de broussailles qu’il n’y pousse quelques jets d’arbres, tels que poiriers sauvages, prunelliers ou ronces : quoique ce ne soient que des espèces d’épines, elles y viennent ordinairement fortes, pleines de vie et chargées de fruits. En conséquence, si nous voyons que ces plants ne sont ni rabougris ni galeux, mais élancés, luisants, bien portants et couverts de fruits, nous comprendrons que la terre qui les produit convient à la culture des arbrisseaux. Outre ces observations qui s’appliquent à toutes les espèces d’arbrisseaux, il faut, s’il s’agit particulièrement de la vigne, examiner, je le répète, si la terre est facile à travailler, médiocrement friable, et semblable a celle que nous avons dit s’appeler pulle ; non pas qu’elle soit seule propre aux vignobles,