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suis surtout d’avis qu’on doit apporter beaucoup de soin dans le choix des marcottes, en prenant, dans la partie féconde de la vigne, des sarments dont l’abondance des fruits soit un gage de leur fertilité future. Ne nous contentons pas toutefois de ces rameaux qui ont donné chacun une grappe : préférons surtout ceux qui se distinguent par de nombreuses productions. Ne donnerions-nous pas des éloges au berger qui s’appliquerait à propager la race des brebis qui auraient mis bas deux agneaux à la fois, et au chevrier multipliant l’espèce de chèvres qui se recommanderaient par l’enfantement simultané de trois chevreaux ? C’est parce que nous pensons que presque toujours la lignée répond à la fécondité de ses parents. Suivons donc aussi cette méthode pour les vignes, et d’autant plus scrupuleusement que nous avons éprouvé que, par une certaine dépravation naturelle, les graines tendent à la dégénérescence, quoiqu’avant été choisies avec soin. C’est ce que le poëte veut nous faire entendre, comme si nous fermions l’oreille à la voix de la vérité : « J’ai vu des semences choisies avec attention, scrupuleusement examinées, qui finissaient par dégénérer, si la sagesse humaine n’employait pas sa main à rechercher tous les ans les plus parfaites. Ainsi les destins ont voulu que toutes choses se détériorassent, et que, déchues, elles allassent en rétrogradant. » Ce qu’il faut comprendre comme n’ayant pas été dit seulement pour les graines des légumes, mais pour toutes celles qui sont du domaine de l’agriculture. Si de longues observations nous ont fait découvrir, et cette découverte n’est pas chimérique, que telle marcotte qui avait porté quatre raisins, coupée et mise en terre, dégénère tellement de la fécondité maternelle, qu’elle n’en produit plus que deux et même qu’un seul : à