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Je ne disconviens pas que mon argumentation repose sur cette comparaison ; je déclare toutefois positivement qu’une branche, quoiqu’elle ait crû sur un point fécond, ne possède pas la puissance fécondante si elle ne donne pas de fruit. Cette conclusion n’est pas en opposition avec le sentiment que j’ai énoncé : s’il est évident que quelques hommes ne peuvent engendrer, quoiqu’ils soient bien pourvus de tous leurs membres, est-il donc incroyable qu’une branche, quoique née sur un point fécond, ne puisse pas produire ? Pour revenir aux usages des agriculteurs, je dirai qu’ils donnent le nom de spadons aux sarments qui n’ont rien produit : ce qu’ils ne feraient pas, s’ils ne les soupçonnaient inhabiles à la fructification. C’est cette dénomination qui m’a fourni le motif de ne pas choisir pour marcottes, quoique nés sur un point très bon, des sarments qui n’auraient pas offert de fruits, sachant fort bien, au reste, qu’ils n’étaient pas tout à fait affectés de stérilité. J’avoue même que les pampinaires aussi, quoique sortis du tronc, acquièrent au bout d’un an la propriété d’être féconds, et que c’est pour cela qu’on les rabat en coursons, afin qu’ils donnent du fruit. J’ai découvert toutefois que la cause de cette production n’est pas tant le fait du courson qu’un don maternel : car, comme il est adhérent au tronc, qui, de sa nature, est fécond, il participe aux aliments de la tige maternelle et aux causes d’une production fertile, et, comme fortifié par un sein nourricier, il s’habitue peu à peu à porter des fruits ; mais si, privé d’une certaine puberté naturelle, arraché au tronc avant le temps et la maturité, ce sarment est confié à la terre ou greffé sur un sujet préparé à cet effet, resté comme dans l’âge d’enfance, inhabile même au coït, et plus encore à la conception, il perd totalement, ou au moins il ne possède que faiblement la fonce de procréer. C’est pourquoi je