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d’une part, et attirée d’une autre, ne fait que les traverser. Il ne faut donc pas considérer comme fécond, quoiqu’il présente beaucoup de fruits, le jet le plus élevé, puisque à la faveur de sa position il est forcé de fructifier ; mais bien le sarment, qui, placé vers le milieu de la vigne, produit malgré sa position désavantageuse et prouve sa bonne qualité par le nombre de ses fruits. Ce jet transféré dégénère rarement, parce qu’il passe alors d’une condition pire dans une condition meilleure. En effet, soit qu’on le plante en terre bien remuée, soit qu’on l’emploie comme greffe, il se rassasie d’aliments plus abondants qu’auparavant, puisqu’alors il n’en avait pas une quantité suffisante. En conséquence nous ne négligerons pas de choisir nos marcottes sur les points dont nous avons parlé et que les paysans appellent épaulés, après toutefois avoir constaté qu’ils ont produit convenablement des fruits. S’il en était autrement, quoiqu’ils proviennent d’une partie estimable de la vigne, nous ne pensons pas qu’ils puissent, par cela seulement, donner de la fécondité au plant. Aussi doit-on regarder comme erronée l’opinion de ces agriculteurs qui croient qu’il n’importe pas que le sarment ait fourni peu ou beaucoup de raisins, pourvu qu’il soit cueilli sur une vigne fertile et non sur cette partie dure de son tronc qu’ils appellent pampinaire. Au surplus, cette opinion provient de l’ignorance des vignerons qui choisissent les marcottes, et il en résulte que leurs vignes sont d’abord peu productives et ensuite deviennent tout à fait stériles. Quel est celui qui, en effet, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, a prescrit au cultivateur chargé de choisir des marcottes, ce que nous venons de rapporter ? Bien plus, ne charge-t-on pas de ce soin l’homme le plus incapable, et celui qui n’est propre à aucune autre besogne ? Aussi, d’après cette coutume, les gens les plus inhabiles, et même les plus infirmes, s’arrogent-ils une