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Après avoir ainsi traité du soin qu’en général il faut apporter au choix des marcottes, nous allons prescrire spécialement comment on doit les choisir, non seulement dans une vigne très féconde, mais encore dans sa partie la plus fertile.

Sur quelle partie de la vigne on doit choisir son plant.

X. Les marcottes les plus fertiles ne sont pas, comme l’indiquent les anciens auteurs, l’extrémité de ce qu’on appelle la tête de la vigne, c’est-à-dire la pointe du rameau et sa partie la plus allongée : car c’est encore là un point sur lequel se trompent les agriculteurs. La première cause de leur erreur est l’apparence et le nombre des grappes qui se font remarquer ordinairement sur un sarment très prolongé. Cette apparence pourtant ne doit pas nous tromper : cet effet est dû non pas à la fertilité native du jet, mais bien à l’avantage de sa position, parce que toute la sève et la nourriture que fournit le sol traversent les autres parties de l’arbre jusqu’à ce qu’elles soient parvenues à son extrémité. Par une aspiration naturelle, tout aliment des végétaux, comme une espèce d’âme, est porté à leur point le plus élevé par la moelle du tronc, comme par le siphon que les machinistes appellent diabète ; et quand cet aliment est parvenu à la cime, il s’y arrête et s’y élabore. C’est pourquoi les pousses les plus vigoureuses se trouvent ou à la tête de la vigne, ou à son pied dans le voisinage des racines. Ces sarments que produit un bois dur sont estimés par une double raison : et parce quils sont dépourvus de fruit et parce que, plus rapprochés du sol, ils en ont reçu pour nourriture un suc plus parfait et plus pur. Les autres, au contraire, sont féconds et vigoureux, parce qu’ils proviennent d’une partie tendre et se sont approprié toute la nourriture qui, comme je l’ai dit, leur est parvenue. Les intermédiaires sont les plus maigres, parce que la sève, interceptée