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on pourra recueillir le fruit de ses travaux ; car on n’a d’autre retard à éprouver que celui que demande l’observation du cep : une fois la fécondité de la vigne constatée, on l’aura bientôt multipliée à l’infini par le moyen de la greffe. C’est un fait, Publius Silvinus, dont vous pouvez, plus que tout autre, rendre témoignage, puisque vous vous rappelez parfaitement que, dans l’espace de deux ans, au moyen de greffes prises sur une vigne précoce que vous possédez dans le Cérétan, j’ai peuplé deux jugères de vignes. Je vous laisse à penser ce que, dans le même espace de temps, ces deux jugères pourraient donner de greffes, puisqu’un seul cep a suffi polir les planter ? Si donc, comme je l’ai dit, nous ne leur refusons ni le travail, ni les soins qu’elles exigent, nous pourrons facilement, en usant des moyens que j’ai indiqués, former des vignes de l’espèce aminée aussi fécondes que le sont les bituriques et les royales. Il sera seulement nécessaire d’observer, pour la transplantation, l’état du climat, du lieu et de la vigne même pour la mettre dans des conditions semblables ; car souvent un cep dégénère si les qualités du sol et de l’air ne lui conviennent pas, ou si on le tire d’auprès d’un arbre pour l’attacher à un joug. C’est pourquoi il faut la transférer d’un lieu froid dans un lieu froid, d’un lieu chaud dans un semblable, d’un vignoble dans un autre de même nature. Cependant l’espèce aminée supporte plus facilement la transition du froid au chaud que celle du chaud au froid. En effet, toute espèce de vigne, surtout celle dont nous venons de parler, aime naturellement mieux la chaleur que le froid. La qualité du sol est une chose non moins importante, et l’on doit toujours transférer le plant d’une terre maigre ou médiocre dans un meilleur fonds ; car la plante accoutumée à vivre dans un terrain gras, ne peut se faire à un terrain maigre, à moins qu’on ne le fume très souvent.