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Cette fécondité dans les aminées ne doit point paraître incroyable ; car comment Terentius Varron, et avant lui M. Caton, auraient-ils pu affirmer que chaque jugère de vignoble rendait aux anciens cultivateurs six cents urnes de vin, si les aminées, qui étaient presque les seules vignes connues alors, eussent été stériles ? à moins que nous n’admettions qu’ils ont cultivé les bituriques et les royales, qui ne nous sont connues que depuis fort peu de temps et qui nous viennent, comme chacun sait, de contrées lointaines : ce qui n’est pas admissible, puisque nous regardons généralement encore aujourd’hui les aminées comme les plus anciennes de nos vignes. Si quelqu’un donc, après l’expérience de plusieurs vendanges, après avoir remarqué des aminées telles que celles que j’ai citées plus haut comme ayant été ma propriété, en tire les mailletons les plus féconds, il pourra comme moi obtenir des vignes généreuses et très productives. Car il est certain que la nature a voulu que les enfants ressemblassent à leur mère ; et c’est ce qui a fait dire à ce berger des Bucoliques : « Je savais que, comme les jeunes chiens sont semblables à la chienne, de même les chevreaux le sont aux chèvre. " Aussi les amateurs des combats sacrés conservent avec une scrupuleuse attention la race des coursiers rapides qui traînent les chars, et nourrissent l’espoir de victoires futures en propageant l’espèce de leurs généreux animaux. Nous aussi, par la même raison, comme pour les cavales qui ont remporté le prix aux jeux Olympiques, nous fondons l’espérance d’une large vendange sur un choix bien fait des marcottes des plus fécondes aminées. Il ne faut point s’effrayer du temps éloigné où l’