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exact calculateur, il reconnaît, tout compte établi, que la culture des vignobles est la plus favorable de toutes à l’intérêt du père de famille. Quoique les vignes exigent de très fortes dépenses, un vigneron suffit pour en cultiver sept jugères. On croit généralement qu’un esclave acheté à bas prix ou choisi parmi les criminels que l’on vend à l’encan, peut remplir convenablement cet emploi ; pour moi, différant du plus grand nombre, je crois qu’avant tout il faut s’assurer d’un vigneron habile. L’eût-on acheté sept à huit mille sesterces ; une étendue de sept jugères en eût-elle coûté autant ; fallût-il paver deux mille sesterces les ceps de chaque jugère avec leurs accessoires, c’est-à-dire les échalas et les liens : la dépense ne s’élèverait encore qu’à vingt-neuf mille sesterces. Si, à cette somme, on ajoute trois mille quatre cent quatre-vingts sesterces d’intérêts, à six pour cent, pour les deux années pendant lesquelles les vignes, comme dans leur enfance, ne produisent rien encore, c’est donc au total, tant en premières dépenses qu’en intérêts, une somme de trente-deux mille quatre cent quatre-vingts sesterces. Cela posé, si le cultivateur agit, à l’égard de ses vignes, comme l’usurier envers son débiteur, de manière qu’il constitue à perpétuité l’intérêt de six pour cent dont nous venons de parler, il doit toucher annuellement dix-neuf cent cinquante sesterces : compte qui rend supérieur le revenu des sept jugères, selon l’opinion de Grécinus, à l’intérêt des trente-deux mille quatre cent quatre-vingts sesterces. Au surplus, les vignes, fussent-elles de la plus mauvaise qualité, produiront pourtant, si on les cultive, un culléus