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variétés détestables ; ensuite parce qu’ils ne cultivent pas leurs plants de manière à les fortifier avant tout, à leur faire jeter de vigoureux sarments qui puissent résister au feu des étés, et parce que, enfin, si le hasard veut que le plant vienne à bien, ils ne le soignent qu’avec négligence. D’abord, ils pensent que peu importe quel lieu sera mis en vignoble ; ils vont même jusqu’à lui consacrer la plus mauvaise partie de leurs champs, comme si le terrain qui ne peut recevoir rien autre chose était le seul qui convînt aux vignes. Ils ne se donnent pas même la peine d’étudier la manière de les planter, ou, s’ils la connaissent, ils n’en tiennent aucun compte ; il est rare qu’ils dotent leur vignoble des instruments nécessaires à sa culture ; et il en résulte beaucoup plus de travail, et par conséquent non moins de dépenses pour le propriétaire. La plupart s’attachent à obtenir tout de suite une abondante récolte, ne songent pas à l’avenir ; et, comme s’ils n’avaient qu’un jour à vivre, ils épuisent le cep, et, sans penser à leur postérité, ils le surchargent de sarments à fruit. Quand ils ont commis toutes ces fautes, ou du moins le plus grand nombre, pour rien au monde ils n’avoueraient leurs torts, et se plaignent que leur vignoble ne répond pas aux soins qu’ils lui donnent, quand ils l’ont perdu soit par avarice, soit par ignorance, soit par négligence. Or, s’il est reconnu que ceux qui ont uni l’activité, aux connaissances acquises, recueillent par jugère, non pas quarante ou au moins trente amphores de vin, comme j’estime qu’on peut le faire, mais vingt, selon le calcul de Grécinus, qui est loin d’être exagéré, ces cultivateurs n’accroîtront-ils pas plus facilement leur patrimoine que ceux qui s’attachent à leurs foins et à leurs légumes ? Grécinus ne se trompe pas en cela, puisque, en