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chalumeaux et les balles seraient desséchés ; et si quelques coups de vent et des tourbillons survenaient, la majeure partie du grain tomberait à terre. C’est pourquoi il faut bien se garder de renvoyer la moisson au lendemain ; mais dès que les épis sont également jaunes, avant que les grains soient tout à fait durs, quand ils ont pris une couleur rougeâtre, on doit procéder à la récolte des blés, afin qu ’ils acquièrent de la grosseur sur l’aire et en monceau plutôt que, sur le sillon : car il est constant que, s’ils sont coupés à temps, ils prennent ensuite du volume. Il y a plusieurs manières de moissonner. Beaucoup de cultivateurs coupent au milieu le chaume avec des faux à long manche, soit à bec, soit à dents ; beaucoup enlèvent l’épi même à la fourche, d’autres au fauchet : ce qui est très facile dans une moisson clair semée, et très difficile quand elle est très fourrée. Si les blés sont coupés à la faux avec une partie du chaume, on les entasse aussitôt en meule, ou sous le hangar qui sert à battre quand il pleut ; puis, desséchés par un soleil favorable, on les soumet au battage. S’est-on borné à couper les épis, on peut les porter au grenier, et pendant l’hiver on les soumet au fléau ou bien aux pieds des animaux ; mais si le grain doit être battu sur l’aire, il n’y a pas de doute que le travail ne soit mieux fait par des chevaux que par des bœufs ; si l’on n’a pas assez de ces animaux à sa disposition, on peut s’aider de rouleaux ou de traîneaux : machines qui froissent suffisamment les chalumeaux. Si les épis sont isolés, on devra préalablement les battre au fléau, et les vanner ensuite. Lorsque le blé se trouve mêlé avec la paille, on l’en sépare en l’exposant à l’action du vent. Pour cette opération, le favonius est regardé comme le meilleur, parce que, dans les mois d’été, il souffle doucement et d’une manière égale ; mais il n’y a qu’un agriculteur nonchalant qui