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comme les autres parties de la campagne ; parce que, sans exiger de dépenses, ils donnent tous les ans un revenu qui est double, en ce sens qu’ils ne rendent pas moins en pâturage qu’en foin. Il y en a de deux espèces : le pré sec et le pré arrosé. Quand le terrain est gras et fécond, il n’est pas besoin d’un cours d’eau, et l’on regarde le foin qui croît naturellement sur un sol plein de suc, comme préférable à celui qu’on n’obtient que par des irrigations réitérées, lesquelles pourtant deviennent nécessaires quand la maigreur de la terre réclame de l’eau. Dans un terrain soit compacte, soit léger, on peut, quoiqu’il soit maigre, établir un pré, pourvu qu’on ait la faculté de l’arroser ; mais il ne doit pas être situé, dans une vallée profonde, ni sur un coteau rapide : dans le premier cas, il retiendrait trop longtemps l’eau qui s’y amasse ; dans le second, l’eau s’en précipiterait trop vite. Toutefois, sur une pente douce, on peut créer un pré si le terrain est gras ou facile à arroser ; mais une plaine surtout est excellente pour cet objet quand sa pente légère ne permet pas aux eaux pluviales d’y séjourner longtemps, et ne garde pas trop les courants qu’elle reçoit, et quand un écoulement lent s’y opère à mesure que l’eau y est arrivée. En conséquence, si la terre marécageuse offre en quelques parties des eaux croupissantes, il faut les faire écouler par des rigoles : car la surabondance d’eau n’est pas moins préjudiciable aux herbes que sa pénurie.

Comment on cultive les prés qu’on a créés.

XVIII. La culture des prés demande plus de soin que de travail. Il faut d’abord n’y laisser subsister ni souches, ni épines, ni herbes qui poussent trop vite. Nous extirperons donc avant l’hiver et pendant l’automne les ronces, les broussailles, les joncs ; au printemps, nous arracherons les chicorées sauvages et les plantes épineuses