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employée seule, la lie d’huile leur est aussi très favorable. C’est principalement en hiver qu’il faut faire usage du mélange, ou même dans le printemps, avant les chaleurs de l’été, et pendant que la vigne et les autres arbres fruitiers sont encore déchaussés. Le fumier provenant des bestiaux occupe le troisième rang, et il en est de plusieurs qualités : en effet, celui de l’âne est regardé comme le meilleur, parce que cet animal mange très lentement et, par conséquent, élabore mieux sa digestion, ce qui rend aussitôt propre aux cultures le fumier qu’il a produit ; vient ensuite le crottin de brebis, puis celui de chèvre, et enfin le fumier des gros bestiaux et des bêtes de somme. On considère comme le plus mauvais de tous le fumier du cochon. Il ne faut pas oublier de dire que la cendre et le menu charbon sont fort utiles aux nouveaux ensemencements. La tige hachée du lupin a la force du meilleur fumier. Je n’ignore pas qu’il est des lieux dans lesquels on ne saurait avoir ni bestiaux ni volailles ; cependant il faut qu’un cultivateur soit bien négligent, si, même dans un tel endroit, il manque de fumier. Ne peut-il pas recueillir des feuilles quelconques, et le terreau qui s’amasse au pied des buissons et dans les chemins ? Ne peut-il pas obtenir la permission de couper de la fougère chez son voisin, auquel cet enlèvement ne fait aucun tort, et la mêler aux immondices de la cour ? Ne peut-il pas creuser une fosse pour recevoir les engrais, ainsi que nous l’avons prescrit dans notre premier livre, et y réunir la cendre, le dépôt des cloaques, les chaumes et les balayures ? Il y enfoncera au milieu une forte pièce de bois de chêne, pour empêcher les serpents venimeux de se cacher dans le fumier. Voilà ce qu’il faut se borner à faire dans les campagnes où il n’y a pas de troupeaux. Dans les fermes pourvues de bestiaux, on se procure