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Quels légumes nuisent ou profitent au sol.

XIV. Parmi les légumes dont je viens de parler, Saserna pense que les uns sont favorables aux champs et les engraissent, que les autres, au contraire, les brûlent et les amaigrissent. Dans la première classe, selon lui, il faut ranger le lupin, la fève, la vesce, l’ers, la lentille, la cicerole et le pois. Je suis de son avis pour le lupin, et même pour la vesce, pourvu qu’aussitôt qu’elle a été coupée en vert, la charrue soit mise dans le champ, et que le soc brise et recouvre, avant qu’il ne se soit desséché, ce qui peut avoir échappé au tranchant de la faux ces débris servent de fumier ; tandis que, si les racines de la vesce se desséchaient abandonnées après la coupe du fourrage, elles priveraient de tout son suc la terre, dont elles absorberaient la force : ce qui arrive vraisemblablement à l’égard de la fève et des autres légumes, qui paraissent engraisser le sol. Ainsi, à moins qu’après l’enlèvement de la récolte de ces légumes on ne laboure le champ qui les a produits, ils ne seront d’aucune utilité aux cultures qu’on doit établir dans le même lieu. A propos des légumes qu’on arrache de terre, Tremellius assure que le pois chiche et le lin sont surtout préjudiciables au sol par le poison dont ils l’infectent : l’un, parce qu’il est de nature salée ; l’autre, parce qu’il est de nature brûlante. C’est aussi ce que Virgile exprime, quand il dit : « Une culture de lin brûle le champ ; l’avoine le brûle aussi ; il est encore brûlé par ces pavots qui nous plongent dans le sommeil de la mort. » En effet, il n’est pas douteux que ces plantes ne soient funestes au sol, aussi bien que le millet et le panis. Mais, pour tout terrain qui a été épuisé par leur production, il