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au juste quelle dépense et quels soins il réclame. Quant à la luzerne, on ne la recouvre pas avec la charrue, mais, ainsi que je l’ai dit, au moyen de râteaux de bois. Un jugère ensemencé de luzerne réclame deux jours pour le hersage, un pour le sarclage, et un pour la récolte. De cet emploi des journées on peut conclure qu’un domaine de deux cents jugères peut être cultivé avec deux attelages de boeufs, deux laboureurs et six valets de second rang, si toutefois le fonds n’est point planté d’arbres. Dans le cas où il le serait, Saserna assure, qu’avec trois hommes de plus on peut cultiver convenablement cette même étendue. Le détail que nous venons de donner montre, en outre, qu’un seul attelage de bœufs peut suffire pour l’ensemencement de cent vingt-cinq modius de froment et pour une quantité égale de légumes, de manière que les semailles d’automne se montent à deux cent cinquante modius : ce qui n’empêchera pas de semer ensuite soixante-quinze modius de trémois. On pourra s’en convaincre par ce qui suit. Les semences qui exigent quatre labours demandent cent quinze journées de travail par vingt-cinq jugères. En effet, un champ de cette dimension, fût-il de la terre la plus forte, peut recevoir le premier labour en cinquante journées, le second en vingt-cinq, et le troisième en quarante, y compris celui qui suit l’ensemencement. Les divers légumes emploient soixante journées, c’est-à-dire deux mois. Il faut, en outre, évaluer à quarante-cinq le nombre des jours de pluie et les fêtes pendant lesquels on ne laboure pas. Après les semailles, trente jours sont encore accordés au repos. Ainsi nous trouvons pour résultat huit mois dix jours. Il reste encore de l’année trois mois et vingt-cinq jours, que nous employons à semer les trémois, ou à charrier le foin, les autres fourrages, les fumiers et autres objets nécessaires.