Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

que la lune croît encore, quand même on ne pourrait pas la recouvrir en entier dans la journée. Alors elle n’aura rien à craindre ni des rosées de la nuit, ni d’autres météores, pourvu qu’elle soit mise à l’abri de la voracité des troupeaux et des oiseaux. Les anciens cultivateurs, et Virgile comme eux, aimaient à faire, avant de la semer, macérer la fève dans la lie d’huile et dans l’eau nitrée, « Afin que ses produits fussent plus multipliés dans les gousses, ordinairement trompeuses, et que, même sur un faible feu, ils cuisent avec plus de célérité. » Nous-mêmes, nous avons observé que, lorsqu’elle a été ainsi préparée, la fève est à sa maturité moins vivement attaquée par le charançon. C’est aussi après l’avoir éprouvé que nous allons prescrire ce qui suit : à la nouvelle lune, cueillez la fève avant le jour, et dès qu’elle aura été bien desséchée sur l’aire, portez-la au grenier battue et rafraîchie, avant que la lune commence à croître ; dans ce dépôt, elle sera à l’abri des charançons. De tous les légumes, celui-ci seul n’a pas besoin sur l’aire des efforts des bêtes de somme, et on le nettoie très vite sans le secours du vent, par le procédé que nous allons indiquer : on place à l’extrémité de l’aire un certain nombre de bottes déliées que trois ou quatre ouvriers pousseront devant eux avec le pied par l’espace le plus long, et en traversant le milieu de l’aire ; ils les frapperont en même temps avec des bâtons et des fourches. Ensuite, quand ils seront parvenus à l’autre extrémité de l’aire, ils mettront les tiges en monceaux. Par ce moyen, les graines détachées resteront sur l’aire, et sur elles peu à peu le reste des bottes viendra, par le même moyen, se dépouiller. Les tiges les plus dures seront coupées et mises de côté parles batteurs ; quant aux menus débris qui se détachent des gousses avec le grain, on en fait un tas séparé. Lorsque