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des produits qui lui sont inférieurs ; mais il est évident que celui qui est chétif primitivement ne saurait acquérir de force. Aussi, entre autres choses que Virgile a si bien dites, il s’exprime ainsi sur les semences : « J’ai remarqué que les semences choisies avec attention et considérées par un long examen, dégénèrent cependant, si tous les ans la sagesse humaine ne fait pas à la main un choix des plus développées : c’est la destinée de toutes choses, de finir par se détériorer et de retourner au néant d’où elles sont sorties. » Si le grain roux, fendu en deux, offre à l’intérieur la même couleur, il n’y a aucun doute qu’il ne soit excellent. Celui qui est blanc extérieurement et dont l’intérieur est blanc aussi, doit être considéré comme léger et vide. Que le siligo ne nous induise pas en erreur, en raison de l’empressement que mettent les agriculteurs à le rechercher : car ce froment pèche par le poids, quoiqu’il excelle en blancheur ; mais par une température humide il vient très bien, et convient, par conséquent, aux lieux arrosés par les cours d’eau. Nous n’avons pas besoin, au reste, d’en chercher au loin ni de nous tourmenter pour en trouver ; car toute espèce de froment, après avoir été semée trois fois dans une terre humide, se convertit en siligo. Après ces blés, le grain dont l’usage est le plus répandu, est l’orge que les paysans appellent hexastique et quelques-uns canthérine : elle est préférable au froment pour nourrir tous les animaux de la campagne, et l’homme y trouve un pain plus sain que celui qui provient d’un froment de mauvaise qualité. Dans les temps de disette, aucun grain n’est plus propre à parer au besoin. On la met en terre légère et sèche, soit excellente, soit maigre, parce qu’étant reconnu que sa culture amaigrit le sol, elle ne nuira pas à