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défrichés : ce qui pourtant est nécessaire à toute végétation, puisque ce n’est que dans les sillons profondément creusés que les moissons et les arbres poussent avec plus de vigueur. En cela donc je diffère du sentiment de Celse, qui, redoutant la dépense, plus forte en effet dans l’emploi de plus grands animaux, pense qu’il faut labourer la terre avec de petits socs fixés dans de petites attelles, afin de pouvoir employer des bœufs de taille inférieure. Ainsi il ignore qu’il y a plus de bénéfice à faire dans l’abondance de la production, que de perte à supporter dans l’achat de forts animaux, surtout en Italie, où les champs, plantés de vignes et d’oliviers, veulent être profondément labourés et travaillés, afin que les racines supérieures de ces vignes et de ces oliviers soient coupées par le soc. En effet, si elles étaient épargnées, elles nuiraient aux récoltes ; tandis que les racines inférieures, occupant un point profond du sol, y trouvent plus facilement l’humidité qui sert à les nourrir. Il faut dire pourtant que la méthode de Celse peut convenir à la Numidie et à l’Égypte, où, le plus ordinairement, les terrains privés d’arbres ne sont couverts que de céréales. Or, il suffit là de remuer avec le soc le plus léger une terre que des sables gras rendent friable, et qui se dissout comme de la cendre. Le laboureur marche sur la terre qu’il vient d’ouvrir alternativement : il tient sa charrue penchée, et alternativement il la tient droite pour tracer sa raie à plein ; mais de manière pourtant qu’il ne laisse aucun point brut et non remué, ce que les laboureurs appellent un banc. On retient fortement et on ralentit dans leur marche les bœufs, de peur que le soc, engagé par un grand effort dans quelque racine d’arbre, ne donne une forte secousse à leur cou, ou qu’ils ne heurtent violemment