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douce et propre au blé, comme la présence du jonc, du roseau, du chiendent, du trèfle, de l’hièble, des ronces, des prunelliers, et de plusieurs autres plantes qui, bien connues des chercheurs de sources, ne croissent que dans les veines d’une terre douce. Il ne faut pas s’en rapporter exclusivement à l’apparence de la surface du sol : il faut aussi examiner soigneusement la qualité des couches inférieures, pour savoir si elles sont végétales ou non. Toutefois il suffira aux céréales qu’il y ait deux pieds d’humus également bon ; mais les arbres en exigent quatre pieds. Après cet examen, nous préparerons le champ pour l’ensemencement. Il produira abondamment, s’il a été labouré avec soin et intelligence. Aussi presque tous les auteurs anciens ont-ils écrit sur ce travail des préceptes que les agriculteurs devront observer comme une ordonnance et une loi pour le labourage de leurs champs. En conséquence, les bœufs seront étroitement unis, afin qu’ils marchent fièrement le front haut, que leur cou soit moins incliné, et que le joug s’applique mieux à leur tête : car ce mode d’attelage est le plus généralement adopté. Quant à celui qui est employé dans certaines provinces, où le joug est attaché aux cornes mêmes, il est rejeté par la plupart de ceux qui ont écrit pour les laboureurs ; et ce n’est pas à tort, puisque les bœufs ont plus de force dans le cou et le poitrail que dans leurs cornes, et que ce mode leur fournit les moyens d’emprunter leurs efforts à toute la masse, à tout le poids du corps, tandis que la méthode que nous condamnons les tourmente par la rétraction et le renversement de leur tête : ce qui leur permet à peine d’égratigner la surface de la terre avec : le soc qui pèche par trop de légèreté ! Aussi on est forcé d’employer de petites charrues qui ne peuvent entamer assez profondément des terrains qui viennent d’être