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la mort, l’autre amène l’affreuse compagne de la mort, la famine ; si pourtant nous ajoutons foi à ce cri des muses grecques « Il n’est pas de plus misérable destinée que de mourir de faim. » Maintenant faisons plutôt mention du sol fertile, qu’il faut envisager sous deux points de vue : cultivé ou sauvage. Nous parlerons d’abord de la transformation d’un terrain sauvage en champ labourable, puisque, avant de cultiver un champ, il faut le créer. Considérons donc un lieu inculte : est-il sec ou humide, rempli d’arbres ou hérissé de pierres, couvert de joncs ou d’herbes, on bien embarrassé de fougères ou de broussailles. S’il est humide, on le desséchera au moyen de fossés qui recevront les eaux surabondantes. Nous connaissons deux sortes de fossés : ceux qui sont cachés, et ceux qui sont ouverts. Dans les terrains compactes et argileux, on préfère ces derniers ; mais partout où la terre est moins dense, on en creuse quelques-uns d’ouverts, et les autres sont recouverts, de manière que les derniers s’écoulent dans les premiers. Les fossés ouverts seront plus larges en haut qu’à leur fond vers lequel la pente est déclive, et présenteront l’apparence d’une tuile renversée ; car s’ils étaient taillés perpendiculairement, ils seraient bientôt dégradés par les eaux et se combleraient par l’éboulement du sol supérieur. Pour les fossés couverts, on creuse une sorte de sillon à la profondeur de trois pieds ; quand on les a remplis à moitié avec de petites pierres ou du gravier pur, on finit de les combler avec une partie de la terre qu’on en avait tirée. Si on n’a à sa disposition ni caillou ni gravier, on formera comme un