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faire connaître que de toutes les productions de la terre, le plus grand nombre se plaît moins sur les collines que dans la plaine, et préfère un terrain gras à un sol maigre. Pour les terres, soit sèches, soit arrosées, nous ne savons lesquelles l’emportent par le nombre de leurs productions, la quantité de plantes qui prospèrent dans les lieux secs et dans les lieux humides étant de part et d’autre presque infinie ; cependant, toutes préfèrent un sol meuble à un sol compacte. Aussi notre Virgile, après avoir énuméré les autres qualités que doit avoir un champ pour être fécond, n’oublie-t-il pas d’indiquer « Un sol friable : car c’est pour le rendre tel qu’on laboure. » Cultiver la terre n’est pas autre chose que l’ameublir et l’engraissera et c’est alors qu’elle produit de grands revenus. Aussi un terrain gras et meuble, tout en rendant beaucoup, demande peu, et ce qu’il demande n’exige que peu de travail et de faibles dépenses : c’est donc à bon droit qu’on appelle excellent un pareil terrain. Celui qui est gras et compacte vient ensuite ; parce qu’il paye par une abondante production les dépenses et le travail du cultivateur. Le troisième sera celui qui est arrosé, parce qu’il peut rapporter sans frais. Caton même le mettait au premier rang, lui qui préférait à tout le revenu des prés. Mais nous nous occupons présentement du travail de la terre, et non de sa situation. Il n’y a pas de plus mauvais sol que celui qui est à la fois sec, compacte et maigre : parce que, tout en exigeant, de pénibles labours, il ne récompense pas des soins qu’il coûte, et que si on l’abandonne à lui-même il n’offre pas la ressource d’un bon pré et d’un bon pâturage. C’est pourquoi un tel champ, qu’on le cultive ou non, est pour le cultivateur une source de regrets, et doit être évité comme un champ pestilentiel : car si celui-ci donne