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par la charrue, se mêlent aux couches inférieures, qui sont les moins fécondes, et s’y trouvent absorbées : alors il s’ensuit que, privée de son ancienne nourriture, la terre ne tarde pas à maigrir. Ce n’est donc point par la fatigue, comme plusieurs personnes le prétendent, ni par l’effet de la vieillesse, mais par notre nonchalance, que nos sillons répondent avec moins de bienveillance à notre espoir ; mais l’on peut accroître leurs productions, si on veut les entretenir par des engrais fréquents, faits en temps convenable et dans de justes proportions. Dans le livre précédent, nous avons promis de parler de cette culture ; nous allons nous en occuper.

Combien y a-t-il de genres de terrains ?

II. Les hommes les plus experts en agriculture, Silvinus, ont dit qu’il existait trois genres de terrains : la plaine, la colline, la montagne. En plaine, ils regardent comme le meilleur terrain celui qui n’est pas complètement plat et nivelé, mais qui offre une légère inclinaison ; sur les collines, celui qui s’élève doucement et mollement ; sur les montagnes, celui qui n’est ni trop haut ni escarpé, mais qui offre des bois et de l’herbe. Chacun de ces genres de sol se divise en six espèces : il est gras ou maigre, léger ou compacte, humide ou sec. Ces qualités, mêlées entre elles et par couches alternatives, donnent lieu à plusieurs variétés. Il n’est pas de la compétence d’un praticien agriculteur de les énumérer ; ce n’est pas non plus l’objet de l’art du cultivateur de se perdre dans toutes ces variétés, qui sont innombrables ; il se bornera à s’occuper des principales espèces, qu’il peut facilement distinguer et définir avec exactitude. Bornons-nous donc à rapprocher en certains points ces qualités distinctes entre elles, que les Grecs appellent suzugÛai ¤nantithtvn, et que nous désignerions assez bien sous le nom de comparaisons des différences. En outre, il est bon de