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pas que j’aie l’opinion que les champs sont mieux cultivés par le dernier que par le premier de ces hommes ; mais je suis convaincu que, pour ne pas confondre les travaux des gens de la ferme, il faut qu’il y en ait pour tout le monde. La confusion est préjudiciable à l’agriculteur, soit parce que personne ne considère comme sien propre l’ouvrage qu’on lui fait exécuter ; soit parce que chacun, voyant qu’on ne lui tient pas personnellement compte de ses efforts, qui ne sont avantageux qu’à la totalité de ses camarades, se soustrait autant qu’il est possible à l’obligation du travail. On ne peut d’ailleurs constater ce qui a été mal exécuté par chacun quand tous s’en sont occupés. Il est donc à propos de séparer les laboureurs des vignerons, les vignerons des laboureurs, et les uns et les autres des valets de second rang. Les classes ne seront pas composées de plus de dix hommes : c’est ce que les anciens appelaient des décuries, et ils se trouvaient bien de ce mode, qui est avantageusement employé dans le travail, et n’offre pas une foule qui rendrait vaine l’attention du moniteur qui les dirige. En conséquence, si le champ est très spacieux, on distribuera ces classes dans des quartiers distincts, et l’on divisera le travail de manière que les individus ne soient ni seuls ni deux à deux : car les disperser, c’est en rendre la surveillance difficile. Pourtant il ne faut pas élever le nombre à plus de dix par classe, parce que, je le répète, lorsqu’il y a foule, chacun croit que le travail dont il s’occupe n’est pas le sien. L’ordre que j’indique non seulement excite l’émulation, mais fait connaître les paresseux : en effet, quand le travail est animé par l’émulation, la punition infligée aux paresseux paraît juste, et ne saurait exciter de réclamation. Mais, après avoir instruit le futur agriculteur des soins que réclament la salubrité, les chemins, le voisinage,