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PRÉFACE

Au moment où Christophe Colomb accomplissait sa merveilleuse entreprise, l’Europe se trouvait sous l’émotion d’un fait plus important encore, et qui est devenu, non sans raison, le point de départ de l’ère des temps modernes. Une dernière invasion définitivement triomphante, effaçant de ce monde les vestiges de l’empire romain, avait assis le barbare aux portes de la civilisation. Depuis la prise de Constantinople, la chrétienté, menacée dans ses foyers, devait s’attendre à la continuité de l’état de guerre religieuse que le Coran impose à ses sectateurs ; dès lors plus d’expédition possible en Orient, plus de rapport facile avec les Échelles, l’Egypte, les Indes, possédées ou parcourues par le mahométan ; la navigation de la Méditerranée devenait des plus dangereuses, et le commerce, sinon la subsistance de l’Europe, était compromis. Un immense besoin d’expansion portait vers l’inconnu une activité, qui, en même temps qu’elle perdait ses anciens débouchés, se trouvait surexcitée par le travail intellectuel précurseur de la Renaissance.

On croyait bien alors que la terre était ronde ; mais, à défaut de moyens exacts d’appréciation, on était loin de se faire une