Page:Colomb - Le violoneux de la Sapinière, 1893.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’orchestre marcha donc à souhait.

CHAPITRE XIII

Le préveil de Chaillé-le-Ormeaux.

Le lendemain, lundi de Pâques, c’était le préveil de Chaillé. Ambroise se réveilla de bonne heure, quoiqu’il fût un peu las de sa journée de la veille, mais celle-ci était bien plus importante. Ambroise était connu de tout le monde à Chaillé ; il ne s’y trouvait pas une bonne âme qui ne l’eût regardé avec compassion dans sa pauvre chétive enfance, pas un mauvais garnement qui ne lui eût jeté des pierres en l’appelant méchant boiteux : il avait à se montrer dans toute sa gloire aux uns et aux autres. Les paysans, les ouvriers du bourg et des environs le verraient, c’était bien ; mais les bourgeois, le notaire et sa famille, et les Arnaudeau, et le docteur, et la bonne petite Anne, ne manqueraient pas de faire un tour à la fête ; et ils le remarqueraient, et l’on saurait qu’il avait appris à jouer du violon tout seul ! Il y avait bien un petit point noir dans sa joie : à Saint-Florent il n’y avait pas eu d’autres musiciens que lui ; mais à Chaillé il y avait