CHAPITRE XI
Où l’on prend une décision.
Quand Mlle Léonide fut rentrée dans le salon, elle resta quelque temps silencieuse, ses grands sourcils un peu froncés ; elle avait l’air de préparer un discours difficile à composer et à prononcer. Enfin elle appela Anne. « Petite, va-t’en montrer à Pélagie tout ce que tu as rapporté de chez moi, et voir si elle a bien soigné ton chien et tes poules. J’ai à parler à ton papa. »
Anne sortit, le cœur un peu gros. De quoi va-t-elle parler à papa ? se demandait-elle. Est-ce de moi ? et si c’est de moi, que va-t-elle lui dire ? C’était bien d’elle, en effet. Dès qu’elle fut sortie, Mlle Léonide croisa ses deux bras sur la table, et regardant en face le docteur : « Cette absurde femme a tout de même raison : la petite ne sait rien, et cela ne peut pas durer.
— Rien ! elle sait se faire aimer, être utile dans la maison, rendre service à tout le monde : n’est-ce rien ? Pour le reste, nous avons le temps : elle est si petite !
— Oui, elle sait faire gracieusement tout ce qu’elle fait, c’est vrai. Cela, elle ne l’a pas appris, c’est un don de Dieu. Moi, je ne l’ai ja-