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Elle ramassa le chapeau.

CHAPITRE X

Une maîtresse de maison fort mal à son aise.

Anne était donc assise sur une grande chaise, ses petits pieds pendants, fort embarrassée de savoir ce qu’elle pourrait dire et à qui elle pourrait le dire. Elle sentait vaguement qu’en dépit de ses huit ans et demi, elle était la maîtresse de la maison et qu’elle devait se montrer aimable pour ses hôtes ; mais le courage et l’imagination lui manquaient à la fois. Pour s’inspirer elle regardait M. Arnaudeau, qui lui disait souvent bonjour quand il la rencontrait et qui ne manquait jamais de caresser Ajax ; mais M. Arnaudeau en toilette n’était plus le même. Sa redingote le gênait, ses souliers vernis lui faisaient mal aux pieds, ses gants le rendaient maladroit, et, ne sachant que faire de sa canne et de son superbe chapeau neuf, il avait fini par mettre sa canne debout entre ses genoux et par la coiffer de son chapeau, qu’il y faisait tourner pour s’occuper les mains. Il était bien incapable de venir en aide à la petite Anne, car il était encore plus em-