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le violoneux de la sapinière.

Quand ils furent tous les deux hors d’haleine, la petite fille se laissa tomber sur l’herbe en riant.

« Vois-tu, dit-elle à Ambroise, tu fais de bien plus belles choses que moi ; ma mère m’avait appris à tricoter, et toi, tu trouves tout seul la manière de jouer du violon. Je te dis que tu es un grand musicien !

— Mais ce n’est pas tout, cela ! une contredanse, c’est bien plus long ; je n’en sais encore qu’un petit morceau. C’est égal, puisque j’ai trouvé le commencement, je trouverai bien le reste. Il faut que je rentre : voilà l’ombre des peupliers qui est toute couchée. À demain, Véronique : tu viendras ici, n’est-ce pas ?

— Oui, oui ! il y a de l’herbe pour mes ouailles au-dessus de la grotte, elles en ont pour longtemps avant de l’avoir toute broutée. »

Les deux enfants se séparèrent : Ambroise hâta le pas pour arriver à la Sapinière avant la nuit close ; et Véronique, après avoir terminé les diminutions du mollet, partie importante d’un bas, appela Turlure qui rassembla ses moutons, et trottant sur les talons de la bergère, la suivit avec le troupeau jusqu’au village.