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Ambroise se mit à courir de toutes ses jambes.

CHAPITRE V

Audacieuse entreprise du petit Ambroise.

Il y avait, à une bonne demi-lieue de la Sapinière, entre deux petits endroits qu’on appelle le Furet et Pied-Doré, une grotte située sur les bords de l’Yon. On ne savait pas depuis quand elle existait : on y lisait, gravées dans la pierre avec la pointe d’un couteau, des dates du temps des anciennes guerres. On disait que les chouans s’y étaient cachés quand les bleus les poursuivaient ; et de fait, elle était si bien abritée qu’il fallait la connaître pour la trouver. Au-dessus, le terrain formait une pente gazonnée qui s’abaissait un peu vers la rivière ; c’était un terrain sans maître où les ajoncs et les bruyères croissaient à l’aise. L’ouverture de la grotte était tournée vers l’Yon, assez large et profond à cet endroit, et entre la grotte et le bord de l’eau il n’y avait qu’un étroit sentier et quelques vieux saules qui trempaient leurs racines dans l’eau. De ce côté, la rive était fort élevée ; de l’autre côté de l’Yon, au contraire, il n’y avait que des prai-