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Julien allait jouer une partie de boules.

CHAPITRE III

Où l’on fait plus ample connaissance avec les gens de la Sapinière.

Il faut d’abord parler de la Sapinière elle-même. C’était une maison de paysan, faite comme toutes les maisons des paysans de Vendée ; elle n’avait qu’un rez-de-chaussée et un grenier. On demeurait au rez-de-chaussée, qui avait deux chambres séparées par le corridor, et l’on serrait dans le grenier les récoltes du petit domaine. Chaque chambre avait deux grands lits très-élevés, où l’on montait en grimpant sur un bahut en poirier devenu noir à force d’être vieux et luisant à force d’être frotté. Comme les deux lits étaient rangés de chaque côté de la grande cheminée, les bahuts servaient de bancs pour s’asseoir, et l’on en était quitte pour se lever quand on voulait y prendre un torchon ou une serviette. Au manteau de la cheminée était accroché un fusil qui avait dû servir beaucoup du temps de M. de Charette, mais qui s’était bien reposé depuis. Devant la fenêtre il y avait un large évier garni de cruches à eau, qu’on appelle des