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Il s’en alla tout seul.

CHAPITRE XXX

Nouvelle destination de la salle du rez-de-chaussée.

Ambroise était parti bien triste de l’injustice de sa mère. Quand elle avait appris son engagement, elle s’était mise dans une colère épouvantable contre cet ingrat, ce bon à rien, ce va-nu-pieds d’Ambroise, qui les plantait là juste au moment où l’on avait besoin de lui, pour s’en aller faire le soldat sans y être obligé. Le jour du départ, c’est à peine si elle se laissa embrasser, et il s’en alla tout seul rejoindre ses camarades : son père même n’était pas là pour lui dire adieu. Il avait la mort dans le cœur. Mais quand il arriva à Saint-Florent, la première figure qu’il vit sur la place, regardant vers le chemin de la Sapinière, ce fut celle de Julien Tarnaud, qui accourut au-devant de lui et le serra dans ses bras en pleurant.

« Mon pauvre enfant ! mon cher enfant ! disait-il, je suis venu ici pour t’embrasser à mon aise. Tiens, fourre-moi ça dans ton sac, ce sont mes petites économies, tu peux en avoir besoin. Tu nous écri-