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le violoneux de la sapinière.

paternelles, où il reviendrait dans quelques années pour ne plus les quitter. Mme Arnaudeau essaya, mais en vain, de le faire changer de résolution : Emmanuel voulait bien ce qu’il voulait, et il partit pour X*** le jour même où Mme Arnaudeau retournait près de Sylvanie, qui avait, disait-elle avec dépit, eu l’esprit de ne pas ressembler à son père.

Pendant ce temps-là, Mlle Léonide faisait l’école, aidée souvent par Véronique, sa meilleure élève, qui était devenue en même temps la plus habile couturière du pays ; si bien qu’elle pouvait payer une bergère pour garder son troupeau, et que la Tessier avait le droit de rester à se reposer quand elle était malade, au lieu d’aller en journée, comme la pauvre femme l’avait fait si souvent. La fête de l’école se faisait tous les ans, au jour anniversaire de sa fondation, et Ambroise aurait refusé ce jour-là un engagement chez le roi ou le pape pour venir faire danser les petits élèves de Mlle Léonide.

On arriva ainsi à l’été de 1870. Emmanuel avait vingt-deux ans, et Ambroise vingt ; Véronique venait d’atteindre ses dix-huit ans, et Anne n’en avait pas encore dix-sept.