Page:Colomb - Le violoneux de la Sapinière, 1893.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle écoutait et regardait, ne perdant pas un mot.

CHAPITRE XVIII

Il se faut entr’aider, c’est la loi de nature.

Les jours suivants, il n’y eut certainement pas au monde une créature plus occupée que la petite Véronique. La passion de la lecture la possédait, et elle n’avait plus d’autre désir que de se retirer à l’écart pour ouvrir son cher alphabet ; mais Véronique avait trop de conscience pour dérober à ses devoirs un temps qu’elle s’était habituée à employer pour le soulagement de sa mère et la bonne tenue de leur pauvre ménage. Quelque envie donc qu’elle eût d’apprendre à lire, elle ne négligea aucune de ses occupations ordinaires ; seulement elle se leva plus tôt et ne perdit pas une minute. Elle n’avait plus beaucoup de bas à tricoter, car la saison d’hiver était finie ; mais elle raccommodait ses vêtements et ceux de sa mère, car la veuve rentrait souvent de sa journée épuisée de fatigue et n’avait pas la force de se mettre à coudre. Mais dès que Véronique avait fini son ouvrage et rentré son troupeau, elle reprenait le chemin de Mareuil,