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LIVRE II.


CHAPITRE PREMIER.

Quinze ans après.


Long-Beckley est un gros village du centre de l’Angleterre. L’église de cette communauté agricole, bien que la construction n’en soit remarquable ni par sa masse, ni par son élégance architecturale, ni par son antiquité, possède néanmoins un mérite que les despotiques marchands de Londres n’ont pas su donner à leur noble cathédrale dédiée à saint Paul. Elle est largement dégagée de toutes parts, et, de tous les points de l’horizon, s’offre de loin aux regards.

Le grand espace vide au sein duquel on l’a érigée a trois accès différents. Une route partie du village mène en ligne droite à la principale porte ; un large sentier sablé, commençant aux portes du presbytère, traverse le cimetière et aboutit, comme de raison, à celles de la sacristie. Il y a aussi, à travers champs, un petit sentier par lequel le propriétaire du château et tous ceux qui ont le bonheur de vivre dans son auguste voisinage peuvent arriver à l’entrée latérale de l’édifice sacré, lorsque leur humilité naturelle (encouragée par un beau temps bien sec) les porte à faire célébrer le dimanche dans leurs écuries en allant à l’église, comme les plus pauvres paroissiens, sur les jambes que Dieu leur a données.

Par une belle matinée d’été, en l’an de grâce mil huit cent quarante-quatre, vers les sept heures et demie, un étranger qui, sans être aperçu, se serait glissé dans quelque coin du cimetière, et qui, doué de bons yeux, eût observé ce qui s’y passait, aurait été témoin de certaines manœuvres qui lui eussent donné à penser. Il aurait pu croire les principaux ha-