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ligne droite vers une des tombes, quelque peu séparée des autres. Sur la pierre étaient inscrits ces mots :

À LA MÉMOIRE
DE
HUGH POLWHEAL,
ÂGÉ DE 26 ANS,
MORT
DE LA CHUTE D’UN ROCHER
DANS
LES MINES DE PORTHGENNA,
LE 17 DÉCEMBRE 1823.

Après avoir arraché quelques brins de l’herbe qui poussait sur cette fosse obscure, Sarah ouvrit le petit volume des Hymnes de Wesley, qu’elle avait emporté avec elle en quittant Porthgenna-Tower, et, parmi les feuillets, avec grand soin, plaça ces menues herbes encore imprégnées de rosée. Tandis qu’elle se livrait à ce pieux travail, le vent rabattit la première page du volume, celle du titre, et au recto de cette page un œil indiscret eût pu lire, tracés en gros caractères fort peu corrects, ces simples mots : « Sarah Leeson. Ce livre lui a été donné par Hugh Polwheal. »

Sa petite besogne terminée, Sarah retourna dans la direction du sentier qui conduisait à la grand’route. Une fois en pleine lande, elle tira de la poche de son tablier les petites étiquettes en parchemin qu’elle avait détachées des clefs, et les dispersa çà et là sous les bouquets de bruyère.

« Partez à jamais !… partez comme moi, dit-elle ensuite. Dieu m’excuse et me vienne en aide !… Tout, maintenant, est bien fini. »

À ces mots elle tourna le dos à l’antique manoir et à la mer qui, par delà ses murailles, s’étendait jusqu’aux limites de l’horizon. Elle se dirigeait vers le grand chemin par l’étroit sentier percé à travers la lande marécageuse.

Quatre heures plus tard, le capitaine Treverton chargea un de ses domestiques d’aller chercher Sarah Leeson pour qu’elle vînt lui rendre un compte exact des derniers moments de sa maîtresse. Le messager revint, tout ébahi et consterné, tenant à la main la lettre que la fugitive avait laissée pour son maître.

À peine celui-ci l’avait-il lue, qu’il ordonna des recherches